Accroche à ton coeur un morceau de chiffon rouge
Une fleur couleur de sang
Si tu veux vraiment que ça change et que ça bouge
Lève-toi car il est temps
Allons droit devant vers la lumière
En levant le poing et en serrant les dents
Nous réveillerons la terre entière
Et demain, nos matins chanteront
Compagnon de colère, compagnon de combat
Toi que l'on faisait taire, toi qui ne comptais pas
Tu vas pouvoir enfin le porter
Le chiffon rouge de la liberté
Car le monde sera ce que tu le feras
Plein d'amour de justice et de joie
Accroche à ton coeur un morceau de chiffon rouge
Une fleur couleur de sang
Si tu veux vraiment que ça change et que ça bouge
Lève-toi car il est temps
Tu crevais de faim dans ta misère
Tu vendais tes bras pour un morceau de pain
Mais ne crains plus rien, le jour se lève
Il fera bon vivre demain
Compagnon de colère, compagnon de combat
Toi que l'on faisait taire, toi qui ne comptais pas
Tu vas pouvoir enfin le porter
Le chiffon rouge de la liberté
Car le monde sera ce que tu le feras
Plein d'amour de justice et de joie
En 1984, Chantelle est la deuxième marque de soutiens-gorge, en chiffre d’affaire réalisé sur le marché français, avec près de 7% du marché, entre Playtex (1ère) et Lejaby (3ème) et troisième marque en nombre d’articles vendus derrière Playtex et Dim. Alors qu’en 1984, les magasins de détails restent le premier circuit de distribution (46% du chiffre d’affaire), Chantelle va progressivement, au cours des années 1980, se diriger vers les grands magasins et les hypermarchés.
Tout en continuant à se situer plutôt dans le haut de gamme, l’entreprise investit aussi le moyen de gamme, avec la création de la marque Passionata en 1988 destinée à un public plus jeune et moins fortuné. La délocalisation de la production constitue un des aspects, mais non des moindres, de la stratégie d’expansion de l’entreprise : en 1982, Chantelle ouvre sa première usine à l’étranger (hors sous-traitants) Comme le montre le tableau suivant, les effectifs industriels baissent ensuite progressivement en France et augmentent à l’étranger
Effectifs des usines de production du Groupe Chantelle (tous types de salariés inclus), de 1983 à 1994.
Sources :
Procès-verbaux de Comités Centraux d’Entreprises, UL-CFDT-N Chantelle 7, Centre d’Histoire du Travail, Nantes. (Traitement des données brutes par Eve Meuret-Campfort)
La temporalité de la délocalisation du personnel de production est donc progressive et s’intensifie particulièrement au début des années 1990, en corollaire d’une forte augmentation des effectifs globaux.
Les ouvrières de l’usine de Saint-Herblain, qui n’ont pas toutes accès à ces chiffres précis, voient très concrètement les effectifs de l’usine se réduire de plus en plus : de près de 300 en 1983, l’usine n’emploie plus que 242 personnes en 1986, 220 en 1990 et 200 au moment de la fermeture.
L’arrêt des embauches au début des années 1980, alors que dans une période encore récente, le taux de turn-over était important, est un signe clair que l’expansion de l’entreprise se fait ailleurs.
D’autres chiffres évoquent encore plus clairement ce transfert de main d’œuvre et ont l’avantage de comprendre l’utilisation de sous-traitants, en France et à l’étranger, en cours dans l’entreprise depuis la fin des années 1970.
Répartition de la production (en heures produites) entre les différentes unités de production internes et externes à l’entreprise, pour les années 1990, 1992 et 1993.
Sources :
Procès-verbaux de Comités Centraux d’Entreprises, UL-CFDT-N Chantelle 7, Centre d’Histoire du Travail, Nantes.
Nous constatons donc un recours croissant aux usines installées à l’étranger ainsi que la baisse significative de la production à l’usine de Nantes en comparaison des deux autres usines françaises. Sur la même période, le chiffre d’affaire de l’entreprise est en augmentation : selon le rapport annuel du chef d’entreprise, il passe de 9,68% de 1989 à 1990, puis de 18,18% de 1990 à 1991 et de 15% de 1991 à 1992 et de 1992 à 1993 (Source : Centre d’Histoire du Travail, UL CFDT-N Chantelle 7). Ce contraste entre une baisse des heures produites en France et l’augmentation du chiffre d’affaire global de l’entreprise constitue, aux yeux des représentantes syndicales, une preuve que l’avenir de l’entreprise se fera probablement sans elles. D’ailleurs, en 2003, Chantelle, qui connaît une augmentation moyenne de son chiffre d’affaire annuel de 12% depuis 1988, annonce des effectifs industriels de 3 300 personnes dont seulement 700 en France.
Sources :
(Traitement des données brutes par Eve Meuret-Campfort)
D’autres ouvrières de la lingerie s’opposent à la fermeture de leur usine ailleurs en France : les Lejaby d’Yssingeaux (Haute-Loire) font l’actualité sociale en 2011-2012 mais leur « combat pour la dignité » dure depuis bien plus longtemps.
A lire :
Lejaby, un long combat pour la dignité.